Cette rubrique expose de façon très succincte quelques notions présentées par Jean-Jacques Crèvecœur, dans le deuxième module de sa formation ARA (Atelier des Relations Authentiques et respectueuses), que nous ne saurions assez recommander de suivre (nous n’avons aucun conflit d’intérêt, direct ou indirect, avec Jean-Jacques Crèvecœur). |
Tour de Belém, à Lisbonne. Photo de Carlos Koblischek / FreeImages.com |
Les 3 niveaux de la communication.
Dans une communication, il est possible de distinguer 3 niveaux :
- le 1er niveau, qui est le message verbal ou message explicite, constitué des mots mêmes de l’émetteur, et d’eux seuls ;
- le 2e niveau, qui est le message implicite, ou message non verbal de l’émetteur, constitué par le langage corporel de celui-ci : intonation, mimiques, gestuelle, regard, transpiration, rougeur ou pâleur, etc. ;
- le 3e niveau, qui est constitué par tout le reste et n’est ni verbal, ni corporel : l’intention cachée de l’émetteur, c’est-à-dire son projet implicite et/ou son attente implicite et/ou les enjeux (matériels, relationnels ou personnels) implicites pour lui, sans oublier son histoire personnelle, ses croyances et tout ce qui peut expliquer le projet, l’attente, les enjeux précités. Le 3e niveau, c’est ce qui pousse l’émetteur à communiquer (et à communiquer de cette façon-ci), son mobile, son intention, son moteur.
Remarques :
- Dans une communication, il y a un message explicite unique et de nombreux messages implicites possibles : n’étant pas dans la tête de l’émetteur, je ne peux que supposer ce qui s’y passe.
- Le message implicite peut-être très différent, voire contraire au message explicite, surtout quand la relation est mauvaise, et c’est alors à lui, le message implicite, qu’il faut se fier.
- L’émetteur n’a pas nécessairement conscient du 3e niveau.
La notion de bande porteuse relationnelle.
Par analogie avec la bande porteuse ou bande passante dont on parle en matière de radiodiffusion ou d’informatique, Jean-Jacques Crèvecœur appelle “bande porteuse” le “tuyau” transportant les messages et permettant au contenu de la communication de circuler entre les 2 personnes concernées. Si le tuyau est défectueux, encombré ou trop étroit, la communication devient difficile, voire impossible. C’est pourquoi il faut, d’après le formateur, s’occuper de la bande porteuse avant de s’occuper du contenu.
Vivre une relation/communication respectueuse, authentique et efficace nécessite de créer la bande porteuse, de l’entretenir et, le cas échéant, de la réparer.
Pour avoir une bande porteuse de bonne qualité, il faut que 3 conditions, dites RAS, soit réunies pour chacun des 2 participants : |
Photo de Mihai Andoni / FreeImages |
- Reconnaissance de la réalité de l’autre,
- Acceptation des messages reçus, sans jugement sur leur contenu (accusé de réception),
- Sécurité (absence de menaces).
La qualité de la bande porteuse va être influencée, notamment, par
- les jugements, qui nuisent à l’Acceptation,
- les scénarios de contrôle, qui nuisent à la Reconnaissance,
- les névroses relationnelles, qui nuisent à la Sécurité.
Les jugements.Ce sont des opinions travesties en vérités objectives, indiscutables.
“Sourire de juge” Photo de Grant Helton / FreeImages
Jean-Jacques Crèvecœur distingue 7 catégories de jugement (portés sur moi, sur autrui ou sur les circonstances) : |
- Donner une évaluation en référence à une norme sociale ou morale extérieure (« C’est mal », « Il est méchant », « C’est une jolie fille ») ;
- Travestir des comportements ou des états en symptômes (ex : « Je suis réservée ») ;
- Travestir des émotions ou des sensations en prédicat (ex : « C’est scandaleux » au lieu de « Je suis scandalisé par ce qui s’est passé ») ;
- Généraliser des situations particulières ou énoncer des généralités sur la vie (ex : « Les hommes ne pensent qu’à ça », « Dans cette maison, c’est toujours moi qui m’occupe de tout ! ») ;
- Prêter des intentions à l’autre (ex : « Tu refuses de m’écouter » au lieu de « J’ai l’impression que tu ne portes pas d’intérêt à ce que je te dis » ; « Elle est d’accord avec moi ») ;
- Faire des liens de causalité afin de culpabiliser ou de déresponsabiliser (ex : « C’est de ta faute, si tu m’avais écoutée, cela ne serait pas arrivé » , « C’est le libéralisme qui nous a conduits à cette situation ») ;
- Avoir des a priori sur tout et sur tous (ex : « Je n’y arriverai pas », « Notre équipe va perdre »).