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L’amour

Doctrine Sociale de l’Église

La présente page fait partie d’une série exposant les grandes lignes de la Doctrine Sociale de l’Église catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s’appuie sur le compendium de la DSÉ, dont il cite différents passages.

Le mot “amour” est cité 207 fois dans le compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, plus 42 fois sous sa forme verbale (aimer). Le mot “charité”, qui est équivalent (voir commentaires sur le mot grec “Agapè” ici ou ) y apparaît 79 fois. Il faut ajouter à cela les 14 occurrences du mot “miséricorde” (ou “miséricordieux”), qui a un sens très proche.

Pour les chrétiens, le mot “amour” désigne moins un sentiment, une compassion, que l’engagement actif, inconditionnel et irrévocable, à se comporter vis-à-vis de l’autre (le conjoint, tout particulièrement) comme on souhaiterait qu’il le fasse si l’on était à sa place et lui à la nôtre. L’Église, à la suite du Christ, invite tous les hommes à aimer son prochain comme soi-même, y compris ses ennemis.


À l’article 208 du Compendium figure un passage qui nous semble capital : “L’œuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel et urgent du prochain est indéniablement un acte de charité, mais l’engagement tendant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n’ait pas à se trouver dans la misère est un acte de charité tout aussi indispensable,…” Autrement dit, la charité est d’autant plus charitable qu’elle est efficace et un engagement politique débouchant sur un recul de la misère est préférable à n’importe quelle autre forme d’engagement permettant d’atténuer les effets de cette misère.

Dans Caritas in veritate, Benoit XVI a des paroles remarquables sur l’amour :

 

« Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. (…) Il est la proie des émotions et de l’opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à signifier son contraire. La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité (…) » (article 3)

« Je ne peux pas donner à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux (…) la charité exige la justice : la reconnaissance et le respect des droits légitimes des individus et des peuples » (article 6)

« …celui qui est animé d’une vrai charité est ingénieux à découvrir les causes de la misère, à trouver les moyens de la combattre, à la vaincre résolument » (article 30, repris de l’encyclique Populorum Progressio, de Paul VI).

Voici plusieurs autres extraits significatifs du Compendium qui abordent le thème de l’amour. Pour ceux qui n’auront pas le courage de les lire, l’enseignement que nous en tirons est que “Tout acte d’amour contribue à la libération de celui qui le pose et de ceux qui en bénéficient”

Article 4 : “En se découvrant aimé de Dieu, l’homme comprend sa dignité transcendante, il apprend à ne pas se contenter de soi et à rencontrer l’autre dans un tissu de relations toujours plus authentiquement humaines.”

Article 40 : “
Au scribe qui lui demande: « Quel est le premier de tous les commandements? » (Mc 12, 28), Jésus répond: « Le premier, c’est: Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 29-31)”

Article 54 : “Jésus-Christ nous révèle que « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8) et nous enseigne que « la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour.”

Article 60 : “L’Église, qui participe aux joies et aux espoirs, aux angoisses et aux tristesses des hommes, est solidaire de tout homme et de toute femme, en tout lieu et en tout temps, et leur apporte la joyeuse nouvelle du Royaume de Dieu qui, par Jésus-Christ, est venu et vient au milieu d’eux. Elle est, dans l’humanité et dans le monde, le sacrement de l’amour de Dieu et, par conséquent, de l’espérance la plus grande, qui active et soutient tout authentique projet et engagement de libération et de promotion humaine.”

Article 112 : “Le sommet du respect dû à l’inviolabilité et à l’intégrité de la vie physique réside dans le commandement positif: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18), par lequel Jésus oblige à prendre en charge son prochain (cf. Mt 22, 37-40; Mc 12, 29-31; Lc 10, 27-28).”

Article 221 : « L’amour amène l’homme à se réaliser par le don désintéressé de lui-même. Aimer signifie donner et recevoir ce qu’on ne peut ni acquérir ni vendre, mais seulement accorder librement et mutuellement ».

Article 222 : “L’amour s’exprime aussi à travers une attention prévenante envers les personnes âgées qui vivent dans la famille: leur présence peut revêtir une grande valeur.”

Article 223 : “L’être humain est fait pour aimer et sans amour il ne peut pas vivre”

Article 391 : “
La vie en société devient d’autant plus humaine qu’elle est caractérisée par l’effort pour parvenir à une conscience plus mûre de l’idéal vers lequel elle doit tendre, qui est la « civilisation de l’amour”

Article 494 : “La paix est aussi le fruit de l’amour: « La paix véritable et authentique est plus de l’ordre de la charité que de la justice, cette dernière ayant mission d’écarter les obstacles à la paix tels que les torts, les dommages, tandis que la paix est proprement et tout spécialement un acte de charité ».

Article 499 : « Il est permis d’espérer que les peuples, intensifiant entre eux les relations et les échanges, découvriront mieux les liens d’unité qui découlent de leur nature commune; ils comprendront plus parfaitement que l’un des devoirs primordiaux issus de leur communauté de nature, c’est de fonder les relations des hommes et des peuples sur l’amour et non sur la crainte. C’est en effet le propre de l’amour d’amener les hommes à une loyale collaboration, susceptible de formes multiples et porteuse d’innombrables bienfaits ».

Article 524 : « la véritable libération, c’est s’ouvrir à l’amour du Christ ».

d) Construire la « civilisation de l’amour »

580 La finalité immédiate de la doctrine sociale est de proposer les principes et les valeurs qui peuvent soutenir une société digne de l’homme. Parmi ces principes, celui de la solidarité comprend en une certaine mesure tous les autres: il constitue « l’un des principes fondamentaux de la conception chrétienne de l’organisation politique et sociale ».

Ce principe est illuminé par la primauté de la charité « qui est le signe distinctif des disciples du Christ (cf. Jn 13, 35) ». Jésus « nous enseigne en même temps que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour »  (cf. Mt 22, 40; Jn 15, 12; Col 3, 14; Jc 2, 8).

Le comportement de la personne est pleinement humain quand il naît de l’amour, manifeste l’amour, et est ordonné à l’amour. Cette vérité est également valable dans le domaine social: il faut que les chrétiens en soient des témoins profondément convaincus et sachent montrer, par leur vie, que l’amour est la seule force (cf. 1 Co 12, 31-14, 1) qui peut conduire à la perfection personnelle et sociale et orienter l’histoire vers le bien.


581 L’amour doit être présent dans tous les rapports sociaux et les imprégner. En particulier, ceux qui ont le devoir de pourvoir au bien des peuples doivent s’appliquer « à nourrir en eux-mêmes et à faire naître dans les autres, depuis les plus élevés jusqu’aux plus humbles, la charité, reine et maîtresse de toutes les vertus. C’est, en effet, d’une abondante effusion de charité qu’il faut principalement attendre le salut. Nous parlons de la charité chrétienne, qui résume tout l’Évangile et qui, toujours prête à se dévouer au soulagement du prochain, est un remède très assuré contre l’arrogance du siècle et l’amour immodéré de soi-même ». Cet amour peut être appelé « charité sociale »  ou « charité politique »  et doit être étendu au genre humain tout entier. L’« amour social »  se trouve aux antipodes de l’égoïsme et de l’individualisme.


Article 582 : “Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l’amour dans la vie sociale — au niveau politique, économique, culturel —, en en faisant la norme constante et suprême de l’action. Si la justice « est de soi propre à “arbitrer” entre les hommes pour répartir entre eux de manière juste les biens matériels, l’amour au contraire, et seulement lui (et donc aussi cet amour bienveillant que nous appelons “miséricorde”), est capable de rendre l’homme à lui-même ». On ne peut pas régler les rapports humains par la seule mesure de la justice: « Le chrétien le sait : l’amour est la raison qui fait que Dieu entre en relation avec l’homme. Et c’est encore l’amour qu’Il attend comme réponse de l’homme. L’amour est de ce fait la forme la plus haute et la plus noble de relation des êtres humains entre eux aussi. L’amour devra donc animer tous les secteurs de la vie humaine et s’étendre également à l’ordre international. Seule une humanité dans laquelle règne la “civilisation de l’amour” pourra jouir d’une paix authentique et durable ». Dans cette perspective, le Magistère recommande vivement la solidarité, car elle est en mesure de garantir le bien commun, en aidant au développement intégral des personnes: la charité « fait voir dans le prochain un autre soi-même »”

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