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La communauté internationale

Doctrine Sociale de l'Église

La présente page fait partie d’une série exposant les grandes lignes de la Doctrine Sociale de l’Église catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s’appuie sur le compendium de la DSÉ, dont il cite différents passages.

Le thème de la communauté internationale fait l’objet du chapitre 9 du compendium (articles 428 à 450).

  • 428 Les récits bibliques sur les origines montrent l’unité du genre humain et enseignent que le Dieu d’Israël est le Seigneur de l’histoire et du cosmos: son action englobe le monde entier et toute la famille humaine, à laquelle est destinée l’œuvre de la création. La décision de Dieu de faire l’homme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26-27) confère à la créature humaine une dignité unique, qui s’étend à toutes les générations (cf. Gn 5) et sur toute la terre (cf. Gn 10). Le Livre de la Genèse montre en outre que l’être humain n’a pas été créé isolé, mais dans un contexte dont font partie intégrante l’espace vital qui lui assure la liberté (le jardin), la disponibilité des aliments (les arbres du jardin), le travail (le commandement de cultiver) et surtout la communauté (le don de l’aide semblable à lui) (cf. Gn 2, 8-24). Dans tout l’Ancien Testament, les conditions qui assurent la plénitude à la vie humaine font l’objet de la bénédiction divine. Dieu veut garantir à l’homme les biens nécessaires à sa croissance, la possibilité de s’exprimer librement, le résultat positif du travail et la richesse de relations entre des êtres semblables.

    431 Le Seigneur Jésus est le prototype et le fondement de la nouvelle humanité. En lui, véritable « image de Dieu » (2 Co 4, 4) l’homme créé par Dieu à son image trouve son achèvement. (…) Grâce à l’Esprit, l’Église connaît le dessein divin qui embrasse le genre humain tout entier (cf. Ac 17, 26) et qui vise à réunir, dans le mystère d’un salut réalisé sous la seigneurie du Christ (cf. Ep 1, 8-10), toute la réalité de la création fragmentée et dispersée. (…) la famille humaine est appelée à redécouvrir son unité et à reconnaître la richesse de ses différences, pour parvenir à la « pleine unité dans le Christ ».

    432 Le message chrétien offre une vision universelle de la vie des hommes et des peuples sur la terre, qui fait comprendre l’unité de la famille humaine. Cette unité ne doit pas être construite par la force des armes, de la terreur ou des abus de pouvoir, mais elle est plutôt le résultat de ce « modèle d’unité suprême, reflet de la vie intime de Dieu un en trois personnes, (…) que nous chrétiens désignons par le mot “communion” », et une conquête de la force morale et culturelle de la liberté.

    433 Le caractère central de la personne humaine et la disposition naturelle des personnes et des peuples à nouer des relations entre eux sont les éléments fondamentaux pour construire une vraie Communauté internationale dont l’organisation doit tendre au véritable bien commun universel. (…) La coexistence entre les nations est fondée sur les mêmes valeurs qui doivent orienter celle entre les êtres humains: la vérité, la justice, la solidarité et la liberté.

    434 Le droit se présente comme un instrument de garantie de l’ordre international,
    c’est-à-dire de la coexistence entre communautés politiques qui, individuellement, poursuivent le bien commun de leurs citoyens et qui, collectivement, doivent tendre à celui de tous les peuples, dans la conviction que le bien commun d’une nation est inséparable du bien de la famille humaine tout entière. (…) La communauté internationale est une communauté juridique fondée sur la souveraineté de chaque État membre, sans liens de subordination qui nient ou limitent son indépendance.

    435 Le Magistère reconnaît l’importance de la souveraineté nationale, conçue avant tout comme expression de la liberté qui doit régler les rapports entre les États. La souveraineté représente la subjectivité d’une nation sous l’angle politique, économique, social et aussi culturel. La dimension culturelle acquiert une consistance particulière en tant que force de résistance aux actes d’agression ou aux formes de domination qui conditionnent la liberté d’un pays: la culture constitue la garantie de conservation de l’identité d’un peuple; elle exprime et favorise sa souveraineté spirituelle. (…) il convient de prendre attentivement en considération l’absence d’un accord international qui affronte de façon appropriée « les droits des nations »; son élaboration pourrait opportunément examiner les questions relatives à la justice et à la liberté dans le monde contemporain.

    436 Pour réaliser et consolider un ordre international qui garantisse efficacement la coexistence pacifique entre les peuples, la même loi morale qui régit la vie des hommes doit également régler les rapports entre les États, « loi morale dont l’observance doit être inculquée et favorisée par l’opinion publique de toutes les nations et de tous les États, avec une telle unanimité de voix et de force que personne ne puisse oser la mettre en doute ou en atténuer l’obligation ». Il est nécessaire que la loi morale universelle, inscrite dans le cœur de l’homme, soit considérée comme effective et incontournable en tant qu’expression vive de la conscience commune de l’humanité, une « grammaire » capable d’orienter le dialogue sur l’avenir du monde.

    437 Le respect universel des principes qui inspirent un « ordre juridique en harmonie avec l’ordre moral » est une condition nécessaire pour la stabilité de la vie internationale. La recherche d’une telle stabilité a favorisé l’élaboration progressive d’un droit des peuples (“jus gentium”), qui peut être considéré comme l’ « ancêtre du droit international ». La réflexion juridique et théologique, ancrée dans le droit naturel, a formulé « des principes universels, qui sont antérieurs et supérieurs au droit interne des États », comme l’unité du genre humain, l’égale dignité de chaque peuple, le refus de la guerre pour régler les différends, l’obligation de coopérer en vue du bien commun, l’exigence de respecter les engagements souscrits (“pacta sunt servanda”). Il faut particulièrement souligner ce dernier principe pour éviter « la tentation de recourir au droit de la force plutôt qu’à la force du droit ».

    438 Pour résoudre les conflits qui surgissent entre les diverses communautés politiques et qui compromettent la stabilité des nations et la sécurité internationale, il est indispensable de se référer à des règles communes issues de la négociation, en renonçant définitivement à l’idée de rechercher la justice par le recours à la guerre (…) La Charte des Nations Unies interdit non seulement le recours à la force, mais aussi la menace même de l’utiliser: cette disposition est née de la tragique expérience de la deuxième guerre mondiale. Le Magistère n’avait pas manqué, durant ce conflit, d’identifier certains facteurs indispensables pour édifier un nouvel ordre international: la liberté et l’intégrité territoriale de chaque nation, la protection des droits des minorités, une juste répartition des ressources de la terre, le refus de la guerre et la mise en œuvre du désarmement, le respect des pactes conclus et la cessation de la persécution religieuse.

    439 Pour consolider la primauté du droit, c’est le principe de la confiance réciproque qui vaut avant tout.(…)Des progrès (…) permettront à la Communauté internationale de se présenter, non plus comme un simple moment d’agrégation de la vie des États, mais comme une structure où les conflits peuvent être résolus de manière pacifique: « De même qu’à l’intérieur des États (…) le système de la vengeance privée et des représailles a été remplacé par l’autorité de la loi, de même il est maintenant urgent qu’un semblable progrès soit réalisé dans la communauté internationale ». En définitive, le droit international « doit éviter que prévale la loi du plus fort ».

    440 L’Église a accompagné le cheminement vers une « communauté » internationale authentique, qui a pris une direction précise avec l’institution, en 1945, de l’Organisation des Nations Unies, laquelle « a contribué notablement à promouvoir le respect de la dignité humaine, la liberté des peuples et l’exigence du développement, préparant ainsi le terrain culturel et institutionnel sur lequel peut être édifiée la paix ». La doctrine sociale, en général, considère positivement le rôle des Organisations inter-gouvernementales, en particulier de celles qui œuvrent dans des secteurs spécifiques, tout en exprimant des réserves quand elles affrontent les problèmes de façon incorrecte.

    441 La sollicitude pour une coexistence ordonnée et pacifique de la famille humaine pousse le Magistère à mettre en relief la nécessité d’instituer « une autorité publique universelle, reconnue par tous, qui jouisse d’une puissance efficace, susceptible d’assurer à tous la sécurité, le respect de la justice et la garantie des droits ». (…) Il est essentiel que cette autorité soit le fruit d’un accord et non d’une imposition, et qu’elle ne soit pas comprise comme « un super-État mondial ».
    Une autorité politique exercée dans le cadre de la Communauté internationale doit être réglementée par le droit, ordonnée au bien commun et respectueuse du principe de subsidiarité: « Il n’appartient pas à l’autorité de la communauté mondiale de limiter l’action que les États exercent dans leur sphère propre, ni de se substituer à eux. Elle doit au contraire tâcher de susciter dans tous les pays du monde des conditions qui facilitent non seulement aux gouvernements mais aussi aux individus et aux corps intermédiaires l’accomplissement de leurs fonctions, l’observation de leurs devoirs et l’usage de leurs droits dans des conditions de plus grande sécurité ».

    442 Une politique internationale tournée vers l’objectif de la paix et du développement grâce à l’adoption de mesures coordonnées  est rendue plus que jamais nécessaire par la mondialisation des problèmes.

    443 Le Magistère évalue de manière positive le rôle des regroupements qui se sont formés dans la société civile pour accomplir une importante fonction de sensibilisation de l’opinion publique aux différents aspects de la vie inter- nationale, avec une attention particulière au respect des droits de l’homme …

    444 Le Saint-Siège — ou Siège Apostolique — est un sujet international à plein titre en tant qu’autorité souveraine qui réalise des actes qui lui sont juridiquement propres. Il exerce une souveraineté externe, reconnue dans le cadre de la Communauté internationale, qui reflète la souveraineté exercée à l’intérieur de l’Église et qui est caractérisée par son unité d’organisation et par son indépendance. (…) L’activité internationale du Saint-Siège se manifeste objectivement sous différents aspects, notamment: le droit de légation actif et passif; l’exercice du “ius contrahendi”, avec la stipulation de traités; la participation à des organisations inter-gouvernementales, par exemple celles qui appartiennent au système des Nations Unies; les initiatives de médiation en cas de conflits. Cette activité entend offrir un service désintéressé à la Communauté internationale, car elle ne cherche pas d’avantages partisans, mais se fixe pour but le bien commun de la famille humaine tout entière. Dans ce contexte, le Saint-Siège se prévaut en particulier de son propre personnel diplomatique.

    445 Le service diplomatique du Saint-Siège, fruit d’une pratique ancienne et consolidée, est un instrument qui œuvre non seulement pour la “libertas ecclesiae”, mais aussi pour la défense et la promotion de la dignité humaine, ainsi que pour un ordre social basé sur les valeurs de la justice, de la vérité, de la liberté et de l’amour.

    446 La solution du problème du développement requiert la coopération entre les différentes communautés politiques. Celles-ci « se conditionnent réciproquement, et on peut affirmer que chacune se développe en contribuant au développement des autres (…) Dans la vision du Magistère, le droit au développement se fonde sur les principes suivants: unité d’origine et communauté de destin de la famille humaine; égalité entre toutes les personnes et entre toutes les communautés basée sur la dignité humaine; destination universelle des biens de la terre; intégralité de la notion de développement, caractère central de la personne humaine; et solidarité.

    447 La doctrine sociale encourage des formes de coopération capables de favoriser l’accès au marché international de la part des pays marqués par la pauvreté et le sous-développement: « Il n’y a pas très longtemps, on soutenait que le développement supposait, pour les pays les plus pauvres, qu’ils restent isolés du marché mondial et ne comptent que sur leurs propres forces. L’expérience de ces dernières années a montré que les pays qui se sont exclus des échanges généraux de l’activité économique sur le plan international ont connu la stagnation et la régression, et que le développement a bénéficié aux pays qui ont réussi à y entrer. Il semble donc que le problème essentiel soit d’obtenir un accès équitable au marché international, fondé non sur le principe unilatéral de l’exploitation des ressources naturelles, mais sur la valorisation des ressources humaines ». Parmi les causes qui concourent le plus à déterminer le sous-développement et la pauvreté, en plus de l’impossibilité d’accéder au marché international, il faut mentionner l’analphabétisme, l’insécurité alimentaire, l’absence de structures et de services, le manque de mesures pour garantir l’assistance sanitaire de base, le manque d’eau potable, la corruption, la précarité des institutions et de la vie politique elle-même. Il existe un lien, dans de nombreux pays, entre la pauvreté et le manque de liberté, de possibilités d’initiative économique, d’administration de l’État capable de mettre en place un système approprié d’éducation et d’information.

    448 L’esprit de la coopération internationale requiert qu’au-dessus de la logique étroite du marché, il y ait la conscience d’un devoir de solidarité, de justice sociale et de charité universelle.

    449 Au début du nouveau millénaire, la pauvreté de milliards d’hommes et de femmes est la « question qui, plus que toute autre, interpelle notre conscience humaine et chrétienne ». La pauvreté pose un dramatique problème de justice: la pauvreté, sous ses différentes formes et conséquences, se caractérise par une croissance inégale et ne reconnaît pas à chaque peuple « le même droit à “s’asseoir à la table du festin” ». Cette pauvreté rend impossible la réalisation de l’humanisme plénier que l’Église souhaite et poursuit, afin que les personnes et les peuples puissent « être plus » et vivre dans « des conditions plus humaines ».

    La lutte contre la pauvreté trouve une forte motivation dans l’option — ou amour préférentiel — de l’Église pour les pauvres. Dans tout son enseignement social, l’Église ne se lasse pas de rappeler aussi certains autres de ses principes fondamentaux: le premier d’entre eux est la destination universelle des biens. En réaffirmant constamment le principe de la solidarité, la doctrine sociale incite à passer à l’action pour promouvoir « le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous ». Le principe de la solidarité, notamment dans la lutte contre la pauvreté, doit toujours être opportunément associé à celui de la subsidiarité, grâce auquel il est possible de stimuler l’esprit d’initiative, base fondamentale de tout développement socio-économique, dans les pays pauvres eux-mêmes:  il faut porter attention aux pauvres « non comme à un problème, mais comme à des personnes qui peuvent devenir sujets et protagonistes d’un avenir nouveau et plus humain pour tous ».

    450 Dans les questions liées à la crise de l’endettement de nombreux pays pauvres, il faut avoir présent à l’esprit le droit au développement. À l’origine de cette crise se trouvent des causes complexes et de différentes sortes, tant au niveau international — fluctuation des changes, spéculations financières, néocolonialisme économique — qu’à l’intérieur des différents pays endettés — corruption, mauvaise gestion de l’argent public, utilisation non conforme des prêts reçus. Les plus grandes souffrances, qui se rattachent à des questions structurelles mais aussi à des comportements personnels, frappent les populations des pays endettés et pauvres, qui n’ont aucune responsabilité. La communauté internationale ne peut pas négliger une telle situation: tout en réaffirmant le principe que la dette contractée doit être remboursée, il faut trouver des voies pour ne pas compromettre le « droit fondamental des peuples à leur subsistance et à leur progrès »

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