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Les jeux de pouvoir v. 01

Questione di perspettiva

Questione di prospettivaCrédit photo : deadstar 2.1, sur VisualHunt.com

La notion de jeu de pouvoir est une des plus importantes de celles présentées par Jean-Jacques Crèvecœur, dans la formation ARA (Atelier des Relations Authentiques et respectueuses) qu’il dispense en ligne, et que nous ne saurions trop recommander.

Présentation.

Un jeu de pouvoir, c’est grosso modo ce que certains appellent une manipulation. Dans la plupart des cas, un jeu de pouvoir est mis en place inconsciemment, par une personne “pétrie de bonnes intentions”. Cela commence part une “tentative de jeu de pouvoir” (TdJP) de A sur B, tentative à laquelle, le plus souvent, B réagit de manière inappropriée, ce qui établit puis renforce le jeu de pouvoir.

En quoi consiste un jeu de pouvoir ?

Un jeu de pouvoir de A sur B consiste, pour A

– à faire faire, dire, penser, ressentir quelque chose par B,
– sans en prendre la responsabilité, c’est à dire sans exprimer ouvertement, explicitement, son intention à B.

À quoi reconnait-on une TdJP (tentative de jeu de pouvoir) ?

On parle de TdJP de A sur B si au moins 3 des 4 critères suivants sont remplis.

  1. L’auteur (A) n’assume pas la responsabilité de sa propre réalité : il n’exprime pas explicitement son désir, sa demande, son attente, son projet …
  2. L’auteur exerce une pression psychologique (urgence, culpabilisation, victimisation, exagération, …)
  3. Il y a distorsion entre le message explicite et le message implicite de l’auteur (ce qui perturbe B, entraîne sa confusion : que doit-il croire, le message explicite ou le message implicite ?)
  4. L’auteur (A) a un projet ou une attente implicite sur l’autre (B).

Quelques exemples de TdJP.

  • Faire formuler par l’autre mon désir : “Tu ne veux pas profiter du soleil pour aller marcher ?”
  • Faire parler des tiers à ma place : “Ton père n’aurait pas voulu ça”
  • Émettre des jugements : “Refuser de porter le masque est égoïste et irresponsable”.
  • Culpabiliser l’autre : “Après tout le mal que je me suis donné pour toi, comment peux-tu dire ça ?”
  • Cacher une demande derrière une affirmation : “J’aimerais aller à ce mariage mais je n’ai pas de voiture”.
  • Cacher une opinion derrière une question : “Tu y crois, à ces fadaises ?”
  • Exagérer, dramatiser : “Personne ne m’aime, dans cette famille !”
  • Utiliser les fausses urgences : “Il faut vous décider tout de suite ! Après, il sera trop tard.”

Comment réagir de façon inappropriée à une TdJP ?

Une mauvaise réaction, face à une TdJP, dans l’hypothèse où B ne souhaite pas répondre favorablement à l’attente implicite d’A, consiste, au choix, à

  1. céder (accepter le projet implicite d’A),
  2. résister (au projet implicite),
  3. feindre de ne pas comprendre (ignorer le projet implicite).

Dans le 1er cas, B ne se respecte pas. Dans les 2 suivants, il entre collabore activement à faire réussir la TdJP, par un mécanisme que Jean-Jacques Crèvecœur appelle la “complicité circulaire”, où l’on retrouve les mêmes caractéristiques que dans la TdJP :

  1. B n’assume pas la responsabilité de sa propre réalité : il n’exprime explicitement ni son ressenti face à la TdJP d’A, ni son besoin menacé par celle-ci, son désir, sa demande, son attente, etc.
  2. B exerce une pression psychologique sur A, en résistant ou ignorant la TdJP, ce qui va conduire A à augmenter sa pression.
  3. Il y a distorsion entre le message explicite et le message implicite de B (“Je ne veux pas répondre à ton attente implicite”).
  4. B a un projet ou une attente implicite sur A (qu’il se décourage et abandonne).

Comment réagir de façon appropriée à une TdJP ?

Nous ne rentrerons pas ici dans les détails, mais voici les très grandes lignes de ce que nous avons retenu d’ARA, et dont l’exposé représente 2 modules complets parmi les 7 qui constituent cette formation !

La complicité circulaire engage A et B dans une dynamique relationnelle énergivore : chacun va dépenser une énergie considérable pour un résultat très médiocre. Un peu comme deux boxeurs qui s’affrontent pendant 12 rounds. À la fin, peut-être que l’un des deux sera déclaré vainqueur, mais les deux auront dépensé une énergie considérable et termineront le combat dans un état très dégradé par rapport à celui qu’ils avaient avant de commencer.

  • Au lieu de cela, Jean-Jacques Crèvecœur propose d’adopter une stratégie qu’il appelle “aïkido relationnel”. Elle ne consiste ni à céder, ni à résister en faisant face, mais à faire un pas de côté, à s’effacer, pour esquiver et ne pas être emporté par l’autre sur son passage. Une vidéo d’aïkido peut permettre de mieux comprendre l’esprit de cette stratégie.

Tout comme une autre vidéo, de sumo, cette fois-ci, où le tchèque Takanoyama utilise cette stratégie de l’esquive (ex : vers 1’15”) pour décourager son adversaire.

 

  • Différentes techniques, que Jean-Jacques Crèvecœur appelle “ancrages” (par référence à l’ancre d’un bateau, qui permet à celui-ci de ne pas être emporté par le courant, le vent ou la tempête), permettent à B de ne pas être déstabilisé par une TdJP : ancrage physique, ancrage dans les émotions, dans les besoins, dans les permissions, dans l’ici-et-maintenant, etc.
  • Dans tous les cas, il est essentiel de viser à ce que chacun exprime le plus explicitement possible sa réalité : ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il espère, etc.
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